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ET LE DRUIDE DISAIT

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À André, le magicien de mon enfance

 

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Au fond de chacun

il y a une forêt peuplée d'une mémoire de brindilles,

l'enfance et la mort y côtoient une peur instinctive

où l'homme cherche son maître.

 

Au jardin neuronique,

l'enfant que j'étais me tient par la main,

petit fantôme venu de ce pays d'hier

aux réalités buissonnières,

avec lui, encore je cherche

ce druide qui, de rires en tempêtes,  

sous sa robe de vent, égarait mes chagrins.

 

Cours le siècle, comme une rivière qui s'assèche,

le revoilà, le vieux druide, qui revient,

avait-il la voix de ma mère, celle d'un oncle,

qui chantait des mots à faire taire nos frayeurs ?

 

Je me souviens de sa comptine :

Caresser et courir parmi les plantes

est une joie de vivre qui fait danser,

partout les fleurs sont soleils dans mon domaine,

ma maison est si grande que le ciel s'y pose, 

de tiges en racines.  

 

Et nous voilà encore, petit fantôme, vieux druide et moi

réunis en cet ailleurs de la raison où continue la vieille chanson :

J'ai déchiré ma robe d'alizée et de marine,

à trop traverser le pays d'hommes, le rire s'est arrêté…"

 

Le vieux druide chante encore pour quelques fleurs

et une enfance qui s'acharnent à garder les pieds sur terre.

 

J'étreins des fragrances si enivrantes qu'elles montent à la tête,

au jardin de l'immense, l'infime envoûte

un chemin de parfums, de pluie, et de soleil

où le petit fantôme et le druide de mon enfance,

encore, ébrouent mes rêves

 

 

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JEAN-MICHEL SANANES

12/04/2020

http://chevalfou.over-blog.net/

 

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Finding_of_Taliesin2

Oeuvre Henry Clarence Whaite

 

 


LA VIE COURANTE...Extrait

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 "Comment ne pas trop patauger dans cette flaque des habitudes ? Comment ne pas laisser échapper la saveur des instants ? Trouver encore des mots pour ce qui est unique ? S'étonner un peu plus chaque jour ? Comme je ne tiens plus à m'expliquer tout ce qui se passe, je me contente d'accompagner, le plus loin possible, ce qui ne fait que couler.
Malgré tout, je suis parvenu à me faire à l'idée d'être moi-même, à ne plus m'irriter d'occuper cette place singulière : ma peau, les points cardinaux de mon corps, jeté en ce coin du monde, à l'abri de mon front, à l'abri de mes yeux, à l'abri du col relevé de mon vieil imperméable, seul à affronter la palpitation de mes organes, seul sur le réseau de mes nerfs, seul à subir le déroulement de ce film où mon visage ne fait que des apparitions d'étranger, seul à sentir l'écoulement du fleuve qui m'emporte autant que je le porte en moi comme un enfant.
Sentir l'ego qui s'aiguise, l'égoïne tranchant net entre moi et non-moi : cela peut devenir facile ! Effrayant mais facile.
Je suis, donc je pense, donc je doute. Définitivement.
Tout en avançant, bien sûr. Capitaine du sous-marin fantôme, responsable de ma carlingue, comptable de mes fêlures, bourré de savoirs disparates, de projets, de désirs, de contradictions. Frappé de temps en temps par les coïncidences comme par de frêles météorites.
Tout à coup, me voici renversé, écrasé par l'inversion brutale de tous les signes. Il y avait ces fleurs, partout, dans la vallée, et la blancheur des dernières neiges sur les sommets, et la route qui se glissait dans le bleu et la douceur : mais tout vire brutalement à l'angoisse, sans raison, une angoisse d'autant plus grande qu'elle n'est que le pressentiment d'une horreur qui me dépasse et dont je ne parlerai jamais. L'asphalte sous les pas comme une pierre tombale interminable et craquelée. Les passants hors d'atteinte, fantômes maquillés de rire et de crème blanche.
À l'improviste, l'odeur urbaine de l'échec, la couleur mondiale du dégoût.
« Pourtant je suis là», me dis-je. Calme, nerveux, vigilant. À la fois inquiet en surface et tellement calme dans les grands fonds. Et je me répète qu'aux pires instants, les troublés, les derniers, je pourrai toujours compter sur ma discrète présence à bord du Nautilus vibrant et vieillissant, dans les courants, dans les remous. Le temps derrière moi, comme un sillage qui s'étire au-dessus de la fosse glauque du souvenir. À bord de la forteresse-bolide, le vieux loup au loup noir tricote son énigme."

 

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PIERRE PEJU

éditions Gallimard, Folio, 2005

 

 

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thami 19

Photographie Thami Benkirane

https://benkiranet.aminus3.com/

DU BON USAGE DES CRISES...Extrait

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Extrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991 à Mirmande à l’occasion du dixième anniversaire du Centre Dürckheim (Drôme).

 

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J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire.

Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être restéà la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à portée de main, pour entrer dans l’autre dimension.

Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur. C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.

Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage, l’embouteillage c’est toi ! ». Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».

J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable. Et pourtant quand on a commencéà percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin. Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».

J’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde. Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée àéviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit. Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix. Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. »

Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester ! Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction. Et je reste là et je regarde.

[…] J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non-identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.

Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie.

 

 

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 CHRISTIANE SINGER

pp. 41-49. Edition Albin Michel, 2001

 

 

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laurette peyraube,,

Photographie Laurette Peyraube

JE NE SUIS PAS DES VÔTRES

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Je ne suis pas des vôtres…

Je n’étais ni de vos armateurs ni de vos équipages lorsque de vos ports de l’Atlantique, vous affrétiez vos bateaux pour y charger du « nègre » réduit en esclavage et le transportiez vers le nouveau monde.

Je ne portais pas vos uniformes quand: « Je naquis quand la patrie périssait. Vingt mille Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans les flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards… »

Ma terre était rude, elle avait besoin de mes bras, de mes forces, de mon temps. Ceux d’Haiti, de Madagascar, d’Afrique, d’Indochine avaient les leurs en plus de leur langue de leur culture, de leur savoir, de leur histoire…
Ma terre me suffisait, je n’avais nul besoin de conquête, de pacification, de colonisation; j’aimais trop la liberté pour avoir le goût de soumettre, de contraindre, d’imposer et je n’étais pas des vôtres à Sétif…mais j’étais à Charonne.

« Il y a cent ans, comme un, comme une,
Comme un espoir mis en chantier,
Ils se levaient pour la Commune,
En écoutant chanter Pottier… »


Et en face, vous toujours, arrogants, méprisants, oppresseurs, tyrans…Versaillais et Prussiens côte à côte, les militaires, les curés, les privilèges, les monopoles, les bourgeois contre le peuple.

 

Verdun,

au « Chemin des Dames », au « bois des Caures », vous nous aurez bien fait saigner avec cette « fleur au fusil !!! », le 173 ème y a versé sa part, il en est sorti exsangue et la Corse avec.

 

Vichy,

vous étiez bien plus nombreux du côté de la collaboration que dans les maquis de la résistance et les trains qui partaient pour les camps de la mort ne vous ont pas fait perdre le sens des affaires.


Vous contre les peuples toujours, vous agrippés à vos coffres forts, chantant, dansant, buvant au coeur du « Gai Paris » sur le même tempo que la « peste brune »… Le « Arbeit macht frei » bras dessus, bras dessous avec le « Famille, Travail, Patrie »…tandis qu’à deux pas, rue Lauriston, on interrogeait, torturait, exécutait.


Mais les bouchons de vos bouteilles de Champagne couvraient leurs plaintes.
Et les collabos d’ici, trinquaient aussi quand:
« Tout а l’heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, je dirai presque heureux de mourir pour la Corse et pour le parti. La tête de maure et la fleur rouge c’est le seul deuil que je demande… ».
Nicoli, Giusti, Scamaroni, Griffi, Mondoloni, Vincetti è tanti è tanti…

Et c’est encore dans l’obscurité de votre ombre portée que l’on retrouve partout, au quatre coins du monde, tous les crimes commis contre l’humanité.
Contre les Indiens d’Amérique du Nord et ceux d’Amérique du Sud, de Pol Pot en passant par l’Ukraine affamée par Staline, du génocide Arménien à la Shoah, jusqu’à l’horreur de l’ethnocide planifié au Rwanda.
Partout votre ADN, vos empreintes: les rêves de puissance, le besoin de dominer, d’asservir, l’appropriation du bien des autres…le racisme.


Et lorsque vous n’y participez pas, vous ne les empêchez pas, vous ne vous opposez pas et vous ne les dénoncerez que lorsque cela ne nuira pas à vos intérêts.
Vous encore, le droit que vous donne votre fortune et votre force armée, contre mes droits d’homme et contre le droit des peuples à disposer d’eux mêmes.

Parce qu’il vous faut toujours plus, vous nous prendrez toujours plus et parce que vous avez déjà tellement pris, il ne reste plus rien aujourd’hui pour faire face à la pandémie.
Pour prévenir, pour protéger, pour soigner, l’obole que je mettais dans le tronc commun a été pillée par vos soins et pour satisfaire vos seuls intérêts…

 

Les miens, vous les avez pendus au Niolu, assassinés dans le Fium’Orbu, décimés leurs troupeaux, brûlés leurs villages et leurs récoltes, mais aussi massacrés à Haymarket Square à Chicago, en Irlande ceux des United Irischmen jusqu’à Boby Sand, les fusillés de Fourmie et dans vos mines du Nord lorsqu’ils réclamaient du pain, exécutés pour l’exemple à Verdun, torturés et assassinés lorsque dans les djébels et les rizières ils voulaient vivre debout, tout comme à Guernica, tout comme à Pointe-à Pitre un beau mois de mai 67, ou à Ouvéa…Je n’étais pas avec vous non plus pour soutenir et armer le régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Et parce-que dans tout cela, il n’y a pas d’accident de l’histoire mais simplement l’HISTOIRE, votre histoire qui n’est pas la mienne, le 1er mai j’irai dans la rue vous l’affirmer: je ne suis pas des vôtres!!!
J’irai de 10h à 11h, muni de l’autorisation de sortie que vous avez la grâce de m’accorder, arpenter la place San Nicolau à Bastia.


L’agora, l’ espace public de rassemblement social, politique de ma cité, le rendez-vous où l’on se promène, où l’on apprend les nouvelles, où se forment les courants d’opinion.

J’irai sans provocation, je respecterai les distances de sécurité, je porterai mon masque s’il est arrivé de Chine, des gants si j’en trouve mais je n’aurai pas de muguet à la main.
Je laisse cette fleur toxique aux amis de Pétain et à sa fête du travail, je préfère la fête des travailleurs et le rouge de l’églantine.
Mais je n’aurai pas non plus d’églantine à la main!
Cette fleur qui soignait la rage des chiens, n’a pas su guérir la votre…
Chiens de guerre d’hier et chiens de guerre d’aujourd’hui, de Corse et d’ailleurs.

« U baghu », l’arbouse, ce fruit est sauvage, il est de mon pays…
L’arbousier a la particularité d’avoir en même temps sur ses branches, les fleurs et les fruits rouges qui apparaissent en septembre octobre…

Alors oui, j’irai sur mon agora le 1er mai, quelque chose de rouge sur moi, tout en même temps per u baghu, pour le coquelicot, le temps des cerises, la fleur de Jean Nicoli et en pensée avec tous les humiliés de la terre, tous les sans terre, tous les sans droit, tousceux pour qui vous avez fait de leur vie, une non vie ou un enfer…en attendant que les fruits mûrissent.


Parce que si nous voulons un nouveau monde, il nous faudra aller le chercher…

Oui !!! Iè !!! i baghi so` rossi..Ces baies symbolisent le ROUGE. Rossu imbacarittatu dit-on in lingua corsa per dà forza à u culore.
A nostra lingua corsa fiurita chè vo`vularebbite tumbà cum’è i vostri incendii cummerciali tombanu à nostra Machja.
Ma, zirpittate puru, « Machja n’avemu un antra, hè a nostra lingua » hà dettu u PUETA casinchese.
A nostra lingua dice è torna à di, è dice è conta è canta.

 

 

 

MICHEL PADOVANI

 Michel Padovani

 

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arbre-arbousier-2jpg,

PAT RYCKEWAERT...Extrait

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Il a posé son regard ébloui sur la ligne d'horizon

sur les branches et tous les bourgeons d’elle,

à se vouloir oiseau, à se sentir des ailes

et dans le bleu naissant et les prières d’avril,

a fait danser ses doigts sur la matière vivante


et l'a mise en mouvement dans le souffle de l’air.

 

 

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PAT RYCKEWAERT

 

 

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toile-moderne

Oeuvre J. Caria

 

THIERRY MATHIASIN...Extrait

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Toutes ces ombres qui marchent sur les murs, emboîtant le pas des lumières furtives
Un théâtre d'avatars échoués, jouant de la vraisemblance plus que de l'appartenance
Une animation saugrenue suspendue à des fils invisibles
On me dira que les cloisons affichent leur feuilleton du soir
Que les pupilles n'ont plus de place pour les étoiles
Que les corps ont la rigidité des murs dans l'étreinte glacée des écrans
Quel diable de metteur en scène avait bien pu imaginer ce spectacle bancal
Des lits qui ressemblent plus à des cercueils où seul l'amour pourrait encore s'émouvoir
Une cohabitation de fluides qui sauvent une relation pour s'accrocher à la vocation d'habiter
Quand certains arrachent à la nuit des brûlures vitales
D'autres,à court de mots, ne peuvent ruminer et s'endormir qu'à côté de visages tuméfiés
Des histoires aux vis-à-vis implacables dans la méconnaissance totale de leur fin
À se demander si d'habitude on était imprégné de l'autre ou si c'était seulement l'expression d'un extraordinaire malentendu
Le temps dira si le toit de la maison résistera aux bouleversements des problématiques ou enterrera les rêves à deux dans l'effondrement
Je souris au bout de ma terre qui a la faveur encore du soleil, accueille les oiseaux dans son nid de chaleur ancestrale
Repensant tous les exils fixés en son sein
Le ciel n'a pas l'air d'un masque respiratoire, ni les arbres des allures de couloirs aseptisés
Mes morts ont leurs tropical promontoire
Des rues coule un parfum d'antan, aux confins des saisons de "Meurtres au paradis"
Le réel déjoue le commerce de la peur, renvoie les pantins de l'expectative à leur passion ridicule
On a trop administréà mon île le virus de l'éradication, préservé sa face idyllique pour mieux contaminer ses forces vives
Quel étouffement réajusté par des mains de maîtres pourra nous sauver de la disparition organisée
Depuis toujours, rien n'a vraiment été normal
Les résurgences sont aussi nombreuses que la diversité des fleurs, jardiniers de terribles malheurs, nous ne finirons pas champions pour vos satanées médailles
Des différents charniers, on essaiera de nous faire croire que nous vivons là une période charnière
La succession des chaînes, est-ce un collier de liberté retrouvée ?
Il y a eu des gens de couleurs libres comme si cela pouvait se réduire à un nuancier
À l'heure où j'affûte d'autres armes, la mer gronde au loin, le pays même blessé dans sa chair, envoie au monde des signes de survivance mais pas d'abattements
Il ne sait pas si il crèvera de mort naturelle ou finira naturalisé dans un quelconque musée
Mon cœur est gros de son souffle pour aujourd'hui et demain

 

 

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THIERRY MATHIASIN

 

 

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thierry

 

MEMOIRES SANS VISAGES & AUTRES TEXTES...Extraits

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La douleur minérale revient
Cruelle immobilité
S'arracher au lieu est impossible
Le regard incisif
ne suffit pas

Oh! Choisir l'éphémère,
la brume légère des départs
Vivre enfin
malgré le sang, les larmes,
la mort tapie dans l'ombre

 

 

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COLETTE GIBELIN

Extrait de Vivante Pierre, in Mémoires sans visages & autres textes,

éditions du Petit Véhicule

 

 

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Salvador dali 55,

 

Oeuvre Salvador Dali

EN CAS D'AMOUR...Extrait

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"Ce qu'on met de soi dans l'autre est infiniment plus vaste que ce qu'on croit lui confier. Quelquefois c'est sa propre vie, d'autres fois c'est son âme, sa vocation, sa sauvagerie, sa misère, une dette ancestrale, c'est toujours exorbitant, une valeur passée en douce, clandestine, que l'on s'échange dès le premier regard."

 

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ANNE DUFOURMANTELLE

 

 

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dali18,

Oeuvre Salvador Dali


LE CREPUSCULE DES VIEUX

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Des fois, j'ai hâte d'être un vieux.
Ils sont bien, les vieux, on est bon pour eux, ils sont
biens.

Ils ont personne qui les force à travailler; on veut pas
qu'ils se fatiguent.
Même que la pluspart du temps, on les laisse pas finir
leur ouvrage.
On les stoppe, on les interruptionne, on les retraite
fermée.

On leur donne leur appréhension de vieillesse et ils sont
en vacances....

Ah! Ils sont bien les vieux!

Et puis, comme ils ont fini de grandir,
ils ont pas besoin de manger tant tellement beaucoup.

Ils ont personne qui les force à manger.

Alors de temps en temps,
ils se croquevillent un petit biscuit
ou bien ils se retartinent du pain avec du beurre
d'arrache- pied,
ou bien ils regardent pousser leur rhubarbe dans leur
soupe...

Ils sont bien...

Jamais ils sont pressés non plus.
Ils ont tout leur bon vieux temps.
Ils ont personne qui les force à aller vite;
ils peuvent mettre des heures et des heures à tergiverser
la rue...

Et plus ils sont vieux, plus on est bon pour eux.
On les laisse même plus marcher...
On les roule...
Et puis d'ailleurs,
ils auraient même pas besoin de sortir du tout;
ils ont personne qui les attendresse...

Et l'hiver...
Ouille, l'hiver!
C'est là qu'ils sont le mieux, les vieux;
ils ont pas besoin de douzaines de quatorze soleils...

Non!

On leur donne un foyer,
un beau petit foyer modique qui décrépite,
pour qu'ils se chaufferettes les mitaines...

Ouille, oui l'hiver, ils sont bien.
Ils sont drôlement bien isolés...
Ils ont personne qui les dérange.
Personne pour les empêcher de bercer leur ennuitouflé...

Tranquillement, ils effeuillettent
et revisionnent leur jeunesse rétroactive;
qu'ils oublient à mesure sur leur vieille
malcommode...

Ah! Ils sont bien...!

Sur leur guéridon, par exemple, ils ont une bouteille,
petite, bleue.
Et quand ils ont des maux, les vieux,
des maux qu'ils peuvent pas comprendre,
des maux mystères;
alors à la petite cuiller, ils les endorlotent et les
amadouillent...

Ils ont personne qui les garde malades.
Ils ont personne pour les assistés soucieux...

Ils sont drôlement bien...!

Ils ont même pas besoin d'horloge non plus,
pour entendre les aiguilles tricoter les secondes...

Ils ont personne qui les empêche d'avoir
l'oreillette en dedans,
pour écouter leur coeur qui grelinde et qui frilotte,
pour écouter leur corps se débattre tout seul...

Ils ont personne qui...

Ils ont personne...

 

 

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MARC FAVREAU  

dit SOL

 

 

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gabin

Jean Gabin

POEME POUR UNE PATATE DOUCE

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Il est très tard chez vous
peut-être trop
des experts pêle-mêle
des technocrates et des docteurs fous
nous embobinent à la chaîne
dans cette usine aseptisée
qu'est devenue notre société
Nous n'avons rien vu venir
pourtant depuis des années
nous éprouvions les démangeaisons
du pire à venir chargé de venins
A vos chaînes citoyens!
Les morts-vivants creusent des tombes
pour les vivants traumatisés par la torpeur
les gratte papiers s'en donnent à coeur joie
tandis que bavent les limaces
dont on peut suivre la trace
pour peu que l'on y prête attention
un rapace sombre crie dans le ciel bleu de Buenos Aires
et les frênes d'Amérique jaunissent
le long des rues silencieuses
c'est l'automne ici chez vous le printemps
J'ai arraché toutes mes fenêtres
je ne sais plus l'heure ni le jour
Une montagne a surgi devant moi
avec ses forêts ses neiges éternelles
Des voix sans visage suintent des murs
Mon identité s'égare entre les prismes du hasard
Des fous furieux nous gardent en otage
derrière les barbelés de la haine
pendant que la mort se déguise en écuyère
je rêve de prairies à perte de vue
de rivières dans la lumière éclatante
des yeux noirs de ma bien-aimée
Je n'ai ni chaud ni froid j'observe
du fond de ma mémoire l'orbe du désespoir
Je n'ai ni faim ni soif je crève
à petits feux dans les cercles de ma conscience
Un sommeil monstrueux occulte l'univers
et les serpents de l'infini se glissent dans mes veines
Je voudrais tant vous faire mes adieux
mais mes lèvres refusent de s'ouvrir
Il est encore trop tôt
pour renoncer au désir de vivre.
J'en appelle à tous ceux pour qui la poésie
est une porte grande ouverte.

 

 

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ANDE CHENET

le 19/04/2020

 

 

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tableau-pomme-de-terre-michel-devaux-

Oeuvre Michel Devaux

PAT RYCKEWAERT...Extrait

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Il y a dans nos coeurs-oiseaux
des battements d’ailes et toutes les grandes migrations

sous nos paupières des ciels si clairs
qu’aucun chagrin ne peut tenir

et sous le fer de nos masques
la liberté enclose et l’amour enfui.

Je voudrais l’envol des oies sauvages
retenues dans nos gorges

et tous les vents du sud à nous étreindre
et nous embarquer vers la mer.

 

 

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PAT RYCKEWAERT

 

 

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salvador DALI27,,

Oeuvre Salvador Dali

LE SENS DU MIROIR

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Une âme, si elle veut se connaître,
c'est dans une âme qu'elle doit se regarder.
Platon

 

 

 

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Pénétré de silence
l'espace ouvert
d'une mémoire tourmentée.

Mes mots y habitent
un peu à l'étroit
parmi les questions.

Ils sont dans l'œil rond
de l'oiseau enivré de son chant
dans le miroir mouvant
du fleuve
dans la fragilité
du présent.

Moiteur
des images calcinées
moiteur d'un temps échevelé
de genoux salis
d'élans sauvages .

Dans l'argile
une empreinte figée
l'évidence d'une présence.
Parfois des bruits de pas
qui s'en retournent
crissant sur le sable grossier
ou un frôlement discret,
pattes d'oiseau
ou plumes d'anges ?

Nomades échappés de l'informe
mes mots habitent
où ils peuvent
cœur boiteux
arbres fléchis
ou mains inoccupées
telles des ailes se croisant.

Ils disent la pluie visqueuse
le goût crayeux des villes
qui ronge et corrompt.
Ils disent les voix
éperdues
s'écorchant vers un ailleurs
mutique encore.

Un pas après l'autre
dans le brumeux
ils croissent
et s'appuient
aux limites.
Les nôtres et d'autres.

Ils s'y enroulent
s'y enlacent
s'y fixent et s'y cramponnent.

Un pas   puis un autre
dans le tremblé des ombres
à l'écoute des paroles aimées.
Un pas vers le noyau serré
qui heurte et cogne
bien trop souvent.

Un pas peut-être
vers l'aurore farouche
ou l'averse patiente

les visages se tournent
enfin vers nous.

 

 

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AGNES SCHNELL

 

 

 

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Alexandria Lens2

 

Photographie Alexandria Lens  

AUTOPORTRAIT SANS MIROIR

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Il me faut maintenant un arrêt, une halte prolongée, une place dans le creux, dans les plis, hors de l'impatience.

Voici mon lieu de vie mal situé encore, inachevé, à la frontière de la démesure, de l'utopie. C'est une traversée extrême, infinie, du bord au rivage, d'un train aux vitres sales à un autre plus fulgurant, interminable comme dans les rêves… Une traversée quotidienne, attendue, espérée, une découverte voluptueuse parfois.


Une table trop encombrée comme toutes les tables où l'on s'arrête souvent, voici le lieu d'où j'écris. Là sont mes mots presque illisibles, écrits de nuit pour l'accoutumance à l'obscurité prochaine. Écrits à contre temps, à contre espérance aussi, envolés d'une fenêtre toujours ouverte sur la lumière.

Et voici ma part d'ombre, mes infimes fragments. Ma faim, souvent occultée, tracée en poèmes maladroits, trop bavards, pour noyer l'indicible.
Ici sont mes livres amputés de bouts de phrases, de bouts de mots, par moi volés : ils répondaient à l'incisif qui me hante.

Nomade à petits pas, chassée de l'enfance, en proie au froid, à l'inquiétude…
Nomade, sans laisser de traces, passante toujours, errante, portant comme un flambeau ma part de feu autrefois si pesante...

Une porte close ? Tout s'altère, tout est à recommencer. Je ne saisis alors que le reflet, le retrait des choses, le creux abandonné. Je marche à reculons, sauvage comme une mer primitive. Anémone marine aux tentacules blessés, je me rétracte, je me love dans le silence, je m'étourdis de désarroi.
Une porte ouverte ? Tout grandit, se dévoile, se révèle : un infini intérieur, un tableau où tout devient simple, immense. Une large demeure, à ma mesure, s'ouvre enfin.
Chaque jour s'écrit lentement sur cette épure où manquent encore tant de signes, de courbes…

Voici mes tourments, mes affres sans remède, sans issue sinon cette clairière, si loin…
Longtemps, j'ai voulu lire les lignes bleues, ravageuses, destructrices qui marquent mon âme. Ces coups portés dès l'origine, entretenus par les berceuses, les chants négatifs d'une mère presque absente… À présent, c'est mon humus, le terreau où je puise la vie, ma vie, c'est mon jardin clos sur l'invisible.

Voici ma fragilité : celle d'une louve au masque rejeté qui craint d'être dévorée. Voici ma sauvagerie, contenue pour ne pas effrayer, pour ne pas trop me dire.

Me voici enfin, enveloppe de chair sur des impulsions vives, cernée de possibles jusqu'au vertige, envoûtée souvent par le fait de vivre. Toujours proche de l'explosion, d'une implosion plus grave encore, me voici jaillissante, à l'écoute de l'essentiel, d'un éternel présent ou de l'envers des choses. A l'écoute du vent telle une feuille rouillée dans l'attente de la chute inévitable.
Voici ma vie pétrie de manques et de cailloux, de rires et de caresses, de contradictions, longuement pétrie de rêves et d'impossibles, d'espace et d'herbes sauvages, de silence et de ruines, d'amour aussi, parfois…

Déjàéloignée, aimantée pourtant par les vibrations du vivant, me voici debout, dressée, guetteur d'impossibles aurores, d'aubes trop lointaines.
Me voici debout vers la fuite toujours imprévisible, un ailleurs qui doit forcément exister…

 

 

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AGNES SCHNELL

 

 

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salvadors DALI22

Oeuvre Salvador Dali

HAMID CHERIET DIT IDIR....HOMMAGE

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 Adieu Ami, que la terre te soit légère...Tu continueras à bercer les anges  et à voyager dans nos coeurs... Le étoiles ne meurent pas...

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L'ENVOL DU ROSSIGNOL deYasmina Khadra

Idir nous a quittés. Il s’en est allé sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Il s’est éteint comme un chant d’étéà la fin de la colonie, comme se taisent les légendes en Algérie, son pays, son angoisse, son inconsolable litanie. Idir n’a fait que quitter un exil de transition pour un exil définitif puisqu’il a été contraint de quitter sa terre natale pour aller chercher ailleurs l’écho de sa voix, tel un troubadour errant en quête de sa voie. Il va beaucoup manquer à nos joies si chahutées de nos jours par nos peines et nos désillusions, mais son absence sera pour nous, Algériens, et pour ses fans de partout, un grand moment de recueillement. Quant à son silence de mortel, ce n’est que politesse afin que retentisse l’hymne de toutes les résiliences, des montagnes de Kabylie jusqu’aux confins de l’Atakor, et du vertigineux Tassili aux plages de Ben M’hidi.

...

 Repose en paix, Idir. Et dors bien. Nous continuerons tes rêves en écoutant les chansons que tu nous as légués, en héritage et en serment.

 

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ANNA MARIA CARULINA CELLI...Extrait

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J'ai besoin de plumes, de coups de vent, de papillons et de lumière
De trous dans l'atmosphère, où l'on tombe en se tenant le coeur
J'ai besoin du mystère d'un craquement de branches dans les feuilles
De trisses, de nuages en jachère
Que les doigts de l'homme ne labourent pas
Des nuages de passage
Qui traversent les yeux
Pour y pleurer de joie
J'ai besoin d'air

J'ai besoin d'un éclair
Déchirant d'or le ciel
D'une blessure éphémère
D'où des sequins d'eau pure
Feraient des trombes sonnantes
Des danses trébuchantes
En brisant sur l'asphalte des morceaux de miroirs
J'ai besoin de tourbillons d'écume
Galonnant les dos ronds de rocheuses baleines
De ruisseaux abandonnés à la caresse des rais
J'ai besoin d'entrer les chevilles, le ventre et les mains dans la rivière
Laisser courir ma chevelure avec le courant vert translucide
Entre les bêtes préhistoriques
Qui s'en vont boire sur le sable
Les coquillages des lacs salés
J'ai besoin de la mer

J'ai besoin des chemins, des cailloux, des chairs d'ocre effritées
Qui colorent la peau de la mémoire des pierres
J'ai besoin de pas et de poussière
Des fractures parfumées qui fendent la montagne
Des lézards figés comme des fossiles
Et qui soudain s'éclipsent en un battement de cils
J'ai besoin de la boue et de l'argile
Des racines affleurant à la commissure des ornières
J'ai besoin de la terre

J'ai besoin d'une main dans la mienne
Non pas d'un inconnu
Celle d'une histoire ancienne
Peut-être d'avant moi
Une main douce et de poids
Qui aurait son pesant d'avoir été morte un jour
Mais qui aurait ressuscité en effleurant l'amour
J'ai besoin d'un visage sur mon ventre
Dont les lèvres aimantes boiraient à mon nombril
L'encre indélébile
Dont elles se signeraient
Avant de quitter leur église
J'ai besoin de ta voix qui porte le silence
Quand je ne le peux pas
J'ai besoin de ta chair
Et j'ai besoin de toi

 

 

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ANNA MARIA CARULINA CELLI

 

 

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salvador DALI28,

Oeuvre Salvador Dali

 


OEUVRES POETIQUES...Extrait

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Sous les voûtes d’El Djezaïr, et la saveur des sauces

− Le laurier, le cumin, l’ail et la goutte d’ombre

Où mijote l’invention.

Je t’aime – mais quoi, je parle à vide !

J’ai laissé mon amour aux cigales d’Europe.

J’ai tout donné– Révolution ! – pour quoi ?

Une dune qui roule

Et pas une chimère où reposer ce front !

 

 

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JEAN SENAC

 

 

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Photographie Thami Benkirane

https://benkiranet.aminus3.com/

 

 

SAIT-ON JAMAIS

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Si tu es, comme il m’arrive de l’espérer encore,
capable d’apercevoir le même azur que mes yeux
et de reconnaître les routes où je m’aventure
depuis l’alvéole où parfois je ne peux t’enfermer
par refus de laisser m’anéantir la lassitude,
(ou d’abdiquer sans remède la recherche d’un sens),
alors peut-être, en échappant aux faits de science
es-tu là, telle que je peux encore t’espérer.

Si tu regardes, tu sais que je ne trahis jamais
la parole que nous nous sommes donnée sans réserve
et qu’après toi sans faille je m’efforce d’honorer,
tu n’ignores pas combien je te suis demeuré proche,
qu’en toutes circonstances marquantes je t’associe
pour faire plus douce la rêche sensation de vivre
privé de tes regards, de tes sourires, de ta voix ;
tu me vois, et sais que mes soupirs te restent fidèles.

Si tu m’entends murmurer du tréfonds de mon mutisme
à quel point, privé de toute espérance, je t’aspecte
sans me résigner à ne plus me présenter à toi,
dépossédé de berçante confiance dans ton vide,
avec mon seul dénuement de pauvre de la pensée
sans balluchon de concepts, de savoir, de connaissances
qui tînt lieu même en rêve de contrepoids pour ma faim,
tu entends alors tout ce que mes silences te disent.

Si tu parles au travers du néant, à ta manière,
fût-ce celle d’oiseaux ou des cimes d’arbres au vent,
par-delà l’apaisement du langage dont je doute,
du fait que je sais me contenter d’extrêmement peu,
voyant notre échange désormais réduit à ses traces,
(la lumière pâle ou vive, les directions du vent,
quelque variante des intonations du carillon),
dis-toi bien que je fais tout pour te capter, si tu parles.

 

 

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 HENRI-LOUIS PALLEN

 http://www.lierreentravail.com 

 

 

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 Léontine Pallen, née Fauque 

 

 

POEMES A SAMUEL WOOD....Extrait

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Ecoutez-le qui grignote à petit bruit, admirez sa patience
Il cherche, cherche à tâtons, mais cherche.
Saura-t-il du moins mettre en ordre,
Débarrasser, décrasser, les coins et les recoins
De cette tête encombrée qui est la sienne
Où il tourne en rond sans trouver sa voix,
Sinon quand le vent souffle à travers bois,
Que la mer roule fort, couvre d'écume les digues,
Quand la nature met la langue à sa rude école
Et lui enseigne des harmonies sauvages,
Suaves aussi parfois comme la flûte d'un oiseau,
Qu'elles viennent de cet oiseau même ou du roulis d'un
ruisseau.
Dirait-on qu'il faut accorder sa voix à celle des éléments
Mais soit qu'on dise l'inverse, c'est les deux fois ne rien dire.

 

 

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LOUIS-RENE DES FORÊTS

 

 

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marin56,

Marin56

 

SETIF, GUELMA, KHERRATA, L'AUTRE 8 MAI 1945

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Un mardi pas comme les autres. Il y a 75 ans jour pour jour, le 8 mai 1945, tandis que la France et ses alliés célèbrent avec fierté leur liberté marquant la fin du nazisme, d’autres en sont privés. De l’autre côté de la Méditerranée, dans une Algérie française, un rassemblement pacifiste est organiséà Sétif, une ville du Constantinois, située à 300 km à l’est d’Alger. 

La manifestation est autorisée sous certaines conditions : les slogans politiques sont proscrits et le drapeau algérien y est interdit ! Le cortège se dirige vers le quartier européen portant des pancartes : « Nous voulons être vos égaux », « Libérez Messali ». Les manifestants réclament la fin du colonialisme, et la libération de Messali Hadj, un leader nationaliste, arrêté quelques semaines plus tôt.

Le rassemblement tourne à la tragédie quand Saâl Bouzid, un scout âgé de 22 ans, est assassiné par un commissaire de police parce qu’il arbore un drapeau algérien. La manifestation est durement réprimée par le sang par l’armée française : des manifestants sont arrêtés, torturés et exécutés sommairement. Le bilan est très lourd : certains historiens parlent de 45.000 morts. Une centaine d'Européens seront également tués.

Le mouvement de protestation de la rue algérienne s’étend ensuite dans les villages des alentours, notamment à Guelma et Kherrata. Il va durer jusqu’en septembre 1945.

Pendant plusieurs mois, toutes les forces françaises sont alors déployées : la police, la gendarmerie, l’armée de terre, l’armée de l’air, la marine mais aussi de nombreuses milices composées de civils d’origine européenne. Tous ont pour but de rétablir l’ordre colonial et défendre l’Algérie française. 

A l’époque, la France tente de minimiser le nombre de victimes : à peine 1000 morts selon l’ancienne puissance coloniale. Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, marquent les prémices de la guerre d’Algérie, qui démarrera neuf ans plus tard, le 1er novembre 1954.

Des massacres passés sous silence par la France. Jusqu’en 2005 où une première reconnaissance est formulée par l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, qui évoque alors une « tragédie inexcusable ».

Son successeur, Bernard Bajolet condamne à son tour en 2008 ces massacres, évoquant la « très lourde responsabilité des autorités françaises de l’époque dans ce déchaînement de folie meurtrière », ajoutant que « le temps de la dénégation est terminé ».

En avril 2015, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, Jean-Marc Todeschini, se déplace à Sétif pour, soixante-dix ans après, commémorer les faits. Une première pour un responsable français. Le déplacement de M. Todeschini à Sétif entre dans le cadre de la politique mémorielle annoncée par François Hollande.

Devant le Parlement algérien, en décembre 2012, le chef de l’Etat français dénonce la colonisation, « un système profondément injuste et brutal », et reconnait « les souffrances […] infligées au peuple algérien », dont les massacres de Sétif, Guelma et Kheratta. « Le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles », concluait alors le président. Un discours qui a fait date.

En visite à Alger en février 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité». Des mots forts qui ne seront pas malheureusement suivis d'actes, une fois installéà l'Elysée.

75 ans après les faits, les descendants de ces victimes attendent toujours la reconnaissance des crimes du 8 mai 1945 par la France.

BERNARD PERRROY...Extrait

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"La poésie est désuète pour ceux qui sont gavés, mais quand le réel est insupportable, elle prend la valeur d'une arme de survie"

Boris Cyrulnik

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à André Laude, i.m.

 

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J'écris pour survivre
et partager la promesse de bonheur
qui me tenaille de l'intérieur,

 

j'écris pour la pluie, pour le beau temps,
pour toutes les heures qui m'interpellent
afin que je contemple les visages
et tout ce qui danse autour de moi...

 

J'écris pour rire et pour pleurer,
pour chacun de ceux que j'ai rencontrés
par amour ou par hasard,

 

pour celui invisible à mes yeux
mais frère en cette expérience commune
qu'est la vie,

 

pour qu'il me soit donné d'apprendre
à le connaître mystérieusement
dans ce curieux partage qu'est le poème...

 

 

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BERNARD PERROY

 

 

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pinareddu2

Photographie " La Corse autrement "

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