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Channel: EMMILA GITANA
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LIBRES DESERTS DES IVRESSES

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La vérité, la liberté

Ne promettent que l'essentiel

Un flux accru de solitude

De vagues sensations de glace

 

L'impossibilité de dire

Et le vrillement permanent

De l'exigence de se taire

Sur ce que nous désirions dire

 

La constante instabilité

Des émotions qui nous gouvernent

La folie ? Juste le désordre

Et le cœur criblé de fêlures

 

Pour les chercher il faut en être 

Inconditionnel amoureux

Tant leur baiser plus que victoire

Ressemble à une abdication

 

La cartographie des secrets

Les situe imprécisément

Dans l'au-delà moléculaire

Et peut-être dans l'en-deça

 

Expertes en effacements

Elles fuient délibérément

Les honneurs et les majuscules

 

Il faut une infinie patience

Pour déceler la fausseté

Des imitations qui s'en parent

Car au bout de la quête il n'est

 

Ni trésor ni reconnaissance

Mais l'avidité d'un désert

Où quelques somptueux hérétiques

Ont pu trouver leur vrai visage

 

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PASCAL PERROT

 

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barque desert,,


PIERRE RABHI

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Le fait d'être un oecuméniste me place au cœur même des phénomènes de la vie. Je les observe directement et pas seulement à travers des livres. Je me suis mêléà la nature par ma vie d'agriculteur, et quand je pétris ma terre, la terre me pétrit. C'est comme une étreinte entre nous.

...

On pourrait presque parler de rapport charnel à la terre, dont je me considère à la fois le fils, le père et l'amant. Tout cela circule dans la même logique. Au moment où je prends soin de ma terre, je suis un peu son père. Puis elle me nourrit alors je suis son fils. Et enfin il y a de l'amour, comme un homme peut le ressentir pour une femme, dans l'authenticité, là où l'esprit et le cœur sont ensemble.

 

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PIERRE RABHI

 

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TERRE

 

 

JOSEPH DELTEIL

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Aucune partie du monde ne me semble médiocre, aucune cellule animale ou végétale ne me semble indigne de l’art. Au point de vue vital, une fleur qui fleurit, c’est aussi beau et mystérieux qu’un Bergson qui pense. La matière est une, et je tâche de trouver les harmonies nécessaires, les justes correspondances, entre un grain de sable et un cœur de femme.

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JOSEPH DELTEIL

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nath

Oeuvre Nathalie Magrez

A MA FILLE

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Regarde en arrière, il pleut des gens. Neige tremblée, mouchetée, tombée d'origines multiples. Mémoires anciennes donnant chair au présent, tu es leur sillage ma fille. Le passé n'est visible qu'au drapé du rideau qu'on soulève parfois. Dans cet avant de soi, les jeux, les histoires, les séductions, les ornements, tout se confond, se fond, chaque unique mêlé. Des murmures clapotent, il faut tendre la mémoire pour retrouver le fil. La langue est incertaine, la traduction aléatoire. Toujours les marionnettes courent pour échapper au bois mais leurs cendres transportent la force des vécus et tous travaux d’adductions d'autres. Jusqu'à toi mon enfant, ma puissante, leur mouture. Depuis les passages anciens figés, couturés, transformés, tu brèches l'élan de lumière crue, ton élan à vivre. Tu regardes et tu es. Tu construis chaque jour quelque chose qui regarde et qui est. De ce jour après jour, appuyée sur leurs traces, tu élances ta vie de racines solides. Tu te sais vivante dans ces métamorphoses qui gardent le noyau et démarquent ton être. Tu crées, tout au bout de leurs mains, cette nouvelle et unique flamboyance, la tienne. Et moi, ta mère, je suis de toute gratitude quand je te vois, présente.

 

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ILE ENIGER

 

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vince venise 2010,,

 

 

 

 

 

CHAIR DE TOI

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                       toi contre moi..............comme lumière appuyée

                                 .........contre terre
souffles emmêlés.....................dans le silence engourdi

           .................de la nuit
marée noire.........................où ondulent les ombres

            ........... oubliées
                        ta main     ..............  lentement déambule sur

                  ...............mon corps

frissonne..............  ............à l’orée de mon ventre

sur mon épaule .............ta tête

                                   leila..............  ..je te vois danser sur ligne

               .............de corail

              flamme de chair.......................... aux mouvements

                         ..................................des mots     

.........................................femme fougue
livreuse de foudre .............. la mer inlassable te redit
le vent vétiver sur le grain ...................ta peau     l’orage
                                         aux couleurs de sel..........  ............                                                                                        
tu reprends la chanson.................de l’orient à l’ouessant

tu chantes la vague.........l’écume

 

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 VINOD RUGHOONUNDUN

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vinod

CECI N'EST PAS UN POEME

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Les bêtes que l'on exploite, que l'on torture, que l'on massacre, sont mes semblables, mes frères, au même titre que les humains que l'on exploite, que l'on torture, que l'on massacre. Je suis atterrée, j'ai honte, d'appartenir à une espèce dont la jouissance réside dans le geste et le spectacle de la douleur et de la mort infligées à autrui. Ceux qui jouissent et légitiment les souffrances qu'ils provoquent, sont ignobles. J'accuse les chasses, les pouvoirs, l'argent, les jeux du cirque, d'être des faire-valoir du mal sous couvert d'autorisations, de passe-droits et de permissivités. Je n'ai pas de mots pour dire la nausée qui m'envahit devant tant d'abjection, de bassesse et de barbarie. Je n'ai pas de mots mais des larmes et du dégoût devant tant d'horreurs servies dans tant d'indifférence. Ceci n'est pas un poème. Ceci est un cri solidaire de ceux qui souffrent, bêtes, hommes, planète, sous le joug de prédateurs de tous ordres. Ceci est le rejet absolu de l'immonde attitude.

 

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Ile Eniger

Le monastère de l'instant - (à paraître)

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ile

 

 

 

 

LES APPARUS

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Les opinions publiques, si elles existent et ne sont pas autant qu'on le dit formatées par une presse aux ordres de l'idéologie ultralibérale dominante, feignent de les découvrir. Affectés de traumas qu'ils traînent avec les malédictions de ceux qui les ont chassés, ils visent a échapper à la stigmatisation des déclarations ministérielles répondant par le blâme et l'expulsion à la légitime émotion des populations. Ils se trouvent (dis)qualifiés d'office sous une terminologie administrative qui ponctue systématiquement d'ordonnances à quitter le territoire chacun des noms qui voudrait pouvoir en finir avec eux et leur régler une fois pour toutes le sort qu'invariablement toutes les autorités leur infligent : migrants, réfugiés, clandestins, sans papiers, Roms, gens du voyage, nomades... Une administration entière lance son personnel, ses chiens, ses bulldozers et ses dossiers à la recherche de camps où les enfermer, de motifs d'intimidations, d'arrêtés et d'attendus pour mieux les désespérer, de polices armées, de tribunaux et de barbelés pour davantage les refouler. Et eux ? Ils se définissent moins du pays dont ils sont partis pour en fuir les horreurs que par ce qu'ils sont en train de faire et qui n'a rien d'un crime ou d'un délit : ils cherchent à se poser, à se protéger, à s'inclure et s'insérer dans un coin où pouvoir enfin trouver un peu de paix sans déranger qui que ce soit. Ils apparaissent aux yeux de nos sociétés qui préfèrent les voir disparaître. Ce sont les éliminés, les résidus de nos technologies de pointe, les laissés pour compte de nos civilisations, les oubliés de cette vie de notre monde clos que nous appelons l'histoire, ce sont un grain des poussières échappées des pires dictatures. Sans droit, sans nom, de toute origine ou de n'importe laquelle. Les désigner c'est dire comment nous nous regardons quand nos destinées se croisent. Ce sont des peuples bientôt disparus par la violence de nos pouvoirs. De lointains frères, de vagues cousins. Mes en-allés que je voudrais voir installés. Si l'un d'eux entend ce que j'écris ici, dites-lui, traduisez-lui que nous sommes nombreux à les appeler pour qu'ils nous pardonnent de n'avoir pas fait assez pour les prier de rester parmi nous. Ceux qui les chassent et les maudissent ne méritent que des procès pour inhumanité.

 

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JEAN-JACQUES MU

 

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deplacés2

 

 

HOMMAGE

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J’atteste qu’il n’y a d’Être humain

que Celui dont le cœur tremble d’amour

pour tous ses frères en humanité

Celui qui désire ardemment

plus pour eux que pour lui-même

liberté, paix, dignité

Celui qui considère que la Vie

est encore plus sacrée

que ses croyances et ses divinités

J’atteste qu’il n’y a d’Être humain

que Celui qui combat sans relâche la Haine

en lui et autour de lui

Celui qui dès qu’il ouvre les yeux au matin

se pose la question :

Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre

ma qualité et ma fierté

d’être homme ?

 

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ABDELLATIF LAÂBI

14 novembre 2015

 

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Jamil Naqsh,,

Oeuvre Jamil Naqsh

 

 

 

 


IL Y AVAIT UNE ROSE

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Il y avait une rose. Une rose à deux tiges. Une rose rose. Andalouse peut-être. Ou venant de Blida. Une rose d'hier. Une rose sans pourquoi. Une rose de voyage. Une rose de demain. Une rose pendue au heurtoir de la porte qui ouvre sur le jardin et sur la rue peut-être. Une rose de naguère. Qu'on aurait arrachée d'un album, d'un bréviaire. Une rose comme celle-là ne s'arrache pas. C'est une rose de Blida qui n'appartient qu'à soi. Une rose de personne. Elle est partout chez soi. L’orange tout aussi bien. On sait qui mangera l’autre. Une orange a deux mains. Rose des sables a mille coupants. Mais non, pas de refus mais si dans ces demain, elle devait s'effriter. Une rose néanmoins. Et qui se pose là. Quelque chose d’orangé, comme ce cristal de sable en pétales d'orange. Une rose enjouée, dans ce désert d'orange… Et tout l’amour du monde parce qu’une rose des sables s’est posée un peu là. Il y aurait une orange, c'eût été aussi bien. Un hiver orange et une rose des sables. C'est sérieux le bonheur quand l'hiver est orange, que la rose s'est posée. Une rose à deux tiges. Sévillane peut-être, un rose de flamenco aussi ronde qu'une orange, cela ne s'oublie pas. Surtout si elle vient de Blida, tiges nues et pétales en orange. Il faudrait deux mains pour cette rose-là, pour tout l’amour du monde. Il faudrait le leur dire que la rose de Blida est un rose rose mais rose comme une orange. Mais ils le savent déjà.

 

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AMEL ZMERLI

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rose

SIMON CASTERAN, LETTRE A DAECH

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Mon cher Daech,

 

J'ai bien lu ton communiqué de presse victorieux. Comme on l'imagine, tu dois être heureux du succès de tes attaques menées vendredi soir à Paris. Massacrer des civils innocents qui ne demandaient qu'à jouir d'un bon match de foot, d'un concert de métal ou tout simplement d'un petit restau entre potes, ça défoule, pas vrai ? Alors certes, ça ne te change pas beaucoup des milliers d'exactions commises quotidiennement, depuis des années, en Irak et en Syrie. Mais en bonne multinationale des lâches et des peine-à-jouir que tu es, il te fallait t'imposer sur le marché occidental. Ce que tu as fait, dès janvier, avec l'attentat de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Toutes mes félicitations : grâce à tes happenings sordides et sanglants, la marque Daech est plus forte que jamais. Elle a même effacé jusqu'au souvenir d'Al-Qaeda qui, à côté de toi, semble désormais presque raisonnable.

Donc, tu as tué. Oh bien sûr, pas par goût du sang et de la violence, mais au nom «d'Allah le Très Miséricordieux». Moi qui croyais que la «miséricorde» suppose la bonté et l'indulgence envers les autres, je ferais mieux de jeter mon dictionnaire. Et de m'acheter une Kalachnikov et des grenades, pour m'en aller distribuer à mon tour amour et compassion partout où vous vous trouvez. Avant de laisser, sur vos corps enfin bénis, la photo de ma cousine Madeleine, que votre miséricorde a lâchement assassinée vendredi au Bataclan.

L'eussiez-vous connue, que vous l'auriez détestée immédiatement. C'était une femme libre et heureuse, pleine de cette lumière intérieure qui vous manque tant. Horreur suprême, c'était aussi une intellectuelle, qui aimait son métier de prof de lettres en collège. Car oui, chez nous, les femmes ont non seulement le droit d'être éduquées, mais aussi d'enseigner. Tout comme elles ont le droit d'aller où bon leur semble, d'écouter de la musique, de boire de l'alcool et d'aimer qui elles veulent. Sans burqa, ni violence. Bref, de jouir de cette liberté qui vous fait tant horreur. Et dont Paris, «la capitale des abominations et de la perversion», dis-tu, s'est fait depuis longtemps la représentante.

Oui, chers sœurs et frères, n'en doutons pas : l'abomination et la perversion n'est pas à chercher dans le massacre d'innocents par des fanatiques surarmés, qui travestissent le Coran en un manuel du parfait petit terroriste, mais dans cette vie païenne, faite de plaisirs et de joie. Cette «fête de la perversité» qui réunit, de semaine en semaine, des milliers «d'idolâtres» ; lesquels, au lieu d'adorer la Mort comme vous le faites en «(divorçant) de la vie d'ici-bas», préfèrent se rassembler pour communier ensemble, dans un instant de partage et d'adoration de l'existence.

À ce titre, mon petit, ridicule, mesquin Daech, je te dois un aveu : moi aussi, je suis un pervers et un idolâtre. J'aime la vie, le métal, les restaus et, parfois même, regarder un match de foot. Mea culpa, mea maxima culpa. Je suis un Croisé, comme tu dis. Un Croisé de la liberté, de l'amour et de la convivialité ; à la différence, cependant, que contrairement à toi, j'ai évolué depuis le Moyen Âge. Ma religion n'est pas faite de fer et de sang, comme la tienne, mais de chair et d'espoir. Aussi, si tu veux un bon conseil, mon cher Daech, dépêche-toi : car l'Histoire est sur tes talons, et déjà les Lumières que tu veux éteindre menacent ton califat d'un autre âge.

«Allah est le plus grand», écris-tu. «Or c'est à Allah qu'est la puissance ainsi qu'à Son messager et aux croyants. Mais les hypocrites ne le savent pas» (sourate 63, verset 8). Sur ce point, je ne peux que te donner raison. Qu'on l'appelle Dieu, Yahvé ou Allah, le Tout-puissant n'a guère besoin que l'on tue en son nom, ni que l'on pervertisse Ses lois. Alors, pourquoi continuer à tuer ? Ton Seigneur est-il si faible, dans ton esprit, qu'il ne puisse agir de lui-même ? Je ne peux le croire. Ce que je crois, en revanche, c'est que tu t'arranges bien de Son silence. Qu'en tuant au nom de ce même islam et des musulmans que tu prétends défendre, tout en les assassinant, c'est la Création divine que tu détruis. Ce qui fait de toi un impie, un pécheur, encore plus coupable que le croyant que tu exècres, ou les païens que nous sommes. Mais cela, les hypocrites ne le savent pas.

 

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SIMON CASTERAN

 

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ilse bing,

Photographie Ilse Bing

JEAN FERRAT

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De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine

Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
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JEAN FERRAT
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ERRANTS ELDORADOS...Extrait

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Nous avancerons dans le brouillard des jours

avec entêtement

Car il faut avancer,

vers ces pays promis, toujours en fuite,

avancer sans répit,

sans repères,

riches de nos défaites et de notre espérance

 

Ce qui n'a pas lieu sera

ce qui pourrit, meurtrit, noircit

s'épanouira comme fleur au soleil

 

L'espace envahira nos paroles étroites,

nos rêves étriqués

Un souffle nous traversera, la grande respiration du monde,

balayant les ressentiments

et ce sera comme un retour à l'origine

Oh bercement des songes !

 

Nous avancerons jusqu'à maturation,

la peur et l'extase dans le regard

longeant le canal des esclaves

en proie au délire des feuilles,

des ravins qui fascinent

 

Les bruits légers du hasard viendront mourir sur notre certitude

d'atteindre enfin le lieu de la dérive

définitive

 

Nous serons exilés de toute terre,

détachés de l'obscur,

oublieux des anciens désespoirs

Stupéfiante splendeur,

toute ténèbre éclate un jour en pluie d'étoiles

et nous serons transpercés de blancheur

 

Nous avons le goût du sacré

mais il n'est d'autre dieu que ce feu

qui brûle en tous nos gestes,

désir obstiné de mourir,

ardeur à vivre,

dans les épines de toutes fleurs

 

Parias d'une amère éternité,

nous avons commencé le voyage il y a si longtemps

que les rivages se sont perdus

Oh sommeil désiré

claire sève du silence

 

Pourtant,

la mer est ce miracle où chante encore un Orphée fatigué

Que son chant nous réveille

et nous repartirons

Car il faut avancer, c'est la loi,

c'est l'épreuve,

et le déroute

et l'éclatant plaisir

Mais jamais, oh jamais,

nous n'arriverons au coeur du réel.

 

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COLETTE GIBELIN

 

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Miklos-Bokor

Oeuvre Miklos Bokor

 

VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE

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Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombééperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

 

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ANTOINE LEIRIS

 

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Jamil Naqsh16,

Oeuvre Jamil Naqsh

LE MAL DE VIVRE

SYMPHONIE DES DROITS DE L'HOMME

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Oh ! Mon bel enfant, libre et prisonnier,
Prisonnier des contraintes que s'imposent les hommes
Et libre de les transcender.
N'aie jamais peur du vide,
Car c'est le vide qui t'a enfanté.
Accroche-toi aux parois lisses et dures de la vie,
Accroche tes ongles aux moindres interstices,
A la moindre anfractuosité du roc.
Ouvre large tes oreilles à l'appel du vent,
A la musique du silence,
Ouvre tes narines aux odeurs fortes et subtiles des parfums de la terre,
De la sueur, de la peau, de tout ce qui vit,
Qui exhale, qui respire.
Pour que lorsque t'arrivera le pire,
Tu puisse en tirer le meilleur,
Ouvre tes bras à la détresse humaine,
Car ta propre détresse peut en être le ferment,
Ouvre ton cœur à la beauté secrète, sourde, muette et muette,
Parce que rare est celui qui la voit,
Parce que rare est celui qui l'entend.
Garde ton âme ouverte comme une source offerte,
A la soif du mendiant, de l'errant, du poète, du chercheur, de l'enfant.
Et ton regard innocent et ton esprit honnête,
Garde-les toute la vie, car la simplicité est la marque des grands.

 

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JACQUES HIGELIN

 

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POEME A CRIER...Extrait II

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Ce besoin de l’autre
qui te prend malgré toi
ce besoin qui te brûleles reins        ou le cœur
ou l’âme quand tu y crois
te submerge trop.


Un mot seul pour te dire,
dénudée
toujours et encore dépossédée
 envahie…

Ce n’est peut-être qu’illusion
un voile   une buée
un jeu dans le miroir
un passage du dedans
vers le fluctuant.

Ce n’est peut-être
 qu’une partie de dés
contre soi-même
une partie pour durer
dans l’inhospitalier
un jeu noir
sur un damier vide
une terrible partie
avec l’absolu.

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AGNES SCHNELL

 

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agnes4

HERITAGE DE LA STUPEUR ...Extrait

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Il faut quelqu'un pour mourir. Et quelqu'un pour regarder mourir. Une fleur, un vase. Un baiser, une bouche. Un regard pour celui qui part, un regard pour celui qui veille. Ce don des larmes retenues, ce mouvement secret des sources au centre des pupilles, inachevé jusqu'à la mort et longtemps après, tissé du premier au dernier souffle entre la mère et l'enfant, laisse fléchir le monde doucement dans sa sagesse. Il s'agenouille devant le dieu de celui qui part. De celui qui s'éloigne sans se retourner. Sans revenir sur ses pas. Même si le dieu est absent dans la vie de celui qui part, l'effacement de la conscience reste une énigme dans le verre d'eau fragile de l'instant. Celui qui guette boit ce verre d'eau enfin. Celui qui part aussi. Ils boivent ensemble l'invisible fraîcheur. Mais dans leur bouche, l'un trouve la salive amère. Le pas à pas de l'absence jusqu'au dernier soupir. L'autre, la stupeur d'une présence ravivée.

Puis, celui qui meurt regarde celui qui guette comme un enfant. Avec les même yeux éblouis et blessés d'aurore. Le même cri muet. le même tremblement de faim sur les lèvres. Et le guetteur berce sa demande dans le silence craintif de ses yeux. Sous les cils d'une mère accueillant la vastitude retrouvée.  Tous deux remontent au premier lit. Au premier lien. Pour le défaire. Détisser toutes les brides enlacées qui nous apprennent à aimer.

Celui qui meurt offre le feu de la stupeur à celui qui reste, l'énigme de sa vie ouverte pour l'éternité. Un feu que rien n'éteint jamais. Même quand on tremble de l'oublier. L'agitation qui les force l'un et l'autre au quotidien à ne pas penser à la mort fleurit en silence dans la position assise du guetteur, penchéà tomber sur le lit du mourant. Et parfois il tombe, il meurt quelques secondes avec celui qui part. Jusqu'au moment de la séparation, où l'un se relève et l'autre se couche. mais elle fleurit aussi l'agitation dans l'allongement du corps de celui qui se donne à la grande et longue coulée, telle une brindille à la surface d'un étang dont la profondeur toujours recule.

Dans la chambre, les fenêtres se font plus douces, plus silencieuses. La lumière perle au front des deux initiés.

 

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 DOMINIQUE SAMPIERO

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sampiero

 

DANS LE DOUTE ET LA FERVEUR

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Au-delà de la mer,

disais-tu,

quelles lumières ?

Vers quel destin de pierre et de sable

tourner des visages creusés

par la brûlure d'exister.

Le vent tournoie.

Le vent fait vibrer l'impossible,

violon pour la soif,

jungle verte dans l'ocre désert.

 

Au-delà, je répète au-delà

pour savourer le mot dans ses contours d'eau pure,

Au-delà,

c'est déjà dire le grand saut dans l'aube libre

aux senteurs d'oasis.

Et le rêve revient

s'accroche comme lierre

aspire la sève

pour la pulpe à venir

Toujours, la pulpe est à venir

Demain sera de menthe et de jasmin

Demain peut-être ?

 

La mer, franchir la mer,

la mémoire et l'exil

Le jour palpite comme une île,

minuscule coeur de l'immensité

 

Depuis longtemps les grands oiseaux ont pris le large,

aile sauvage et magnifique envol

Atteindront-ils l'Eldorado

qui danse, feu follet

danse dans le regard chargé de tant de brume

et se perd au lointain

 

Au-delà de la mer

comme un mirage à l'infini,

cette terre brûlée

en attente de pluie

Interminable combat des vivants

pour que s'installe une clarté vivace

Lancinante espérance

 

Dans l'ombre de tes yeux

j'ai vu passer tous les instants du vivre

noires blessures, éclats du soleil,

chemins d'herbes et de poussière

Et tu rayonnais malgré la détresse

 

Si la mort est au bout du chemin,

qu'elle soit l'estuaire

où la rivière abandonne ses boues

pour entrer, nue, dans l'océan

 

Au-delà des mers, disais-tu,

Quelles sources nouvelles ?

 

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COLETTE GIBELIN

 

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jaamati mohamed,,

Oeuvre Jaamati Mohamed

 

 

 

LA SAISON DES MOTS ....Extrait

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souviens toi de l’eau ravivée chaque soleil couchant à l’heure où les
portes de l’exil s’ouvrent sur les chemins barricadés

                    souviens toi de la prière du matin
quand boule de flamme          langue de feu
                                le corps se réveille d’entre les vagues du temps


                             souviens toi des mots couleur lumière
que tu as déposés dans l’étoile naviguant à l’horizon de regard
                     souviens toi de ces pierres ciselées par tes rêves d’infini
            à l’orée des mers ensablées

souviens toi de la tempête qui fissure les montagnes
                          de la pierre qui naît
      quand s’épousent le feu et l’eau dans une gerbe d’éblouissement

viendra le jour où les quatre temps s’écouleront dans une seule nuit
                                                                      pour redevenir magma
          tu auras ce jour-là atteint le terme de ton voyage
     et le vent dansera sur tes lèvres endormies qui s’ouvrent sur nulle part
tu te souviendras alors de ces paroles brûlantes que tu as déchirées
                                         à la croisée des nuées

souviens toi
       le poète te l’avait dit sur son tracé de foudre
                                                  souviens toi

 

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VINOD RUGHOONUNDUN

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tham2

Photographie Thami Benkirane

http://benkiranet.aminus3.com/

 

 

N'AVOIR RIEN

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Ne plus rien dire, ne plus souffler, ne plus être. Évidé.

Des mots traînent dans la pendule

Des joies cristallisées se souviennent d’elles-mêmes

L’ardeur rompue, les giclées de sève molle durcies soudainement

L’hiver a repris dans ses mailles gelées

La lumière d’Août prisonnière de la glace

Le teint halé, la peau à demi poêlée d’urgences chaudes

Faire corps sans murmure et sans frisson

Faire corps d’artichaut à la mauvaise saison

Doux Août fané sous la plume de la dernière hirondelle

 

 

 

Ni fer, ni potager, l’ire insolente des jours mauvais

L’embrun sous la nappe allégée des pourparlers

Des avaloirs où s’enfouissent les dernières feuilles

N’avoir rien. A donner, à faire, à dire

Quelques limailles d’espoir autour du cou

Comme un cache-nez de neige et d’illusions

 

 

 

Fer rouge de la vanitéà surprendre l’écho dans l’onde

Pourlécher l’extrémité des ongles du vide

La carence insupportable des marches fictives

Derrière les ombres dématérialisées du désir mort-né

L’Art en jachère, suspendu aux lèvres des criées dévitalisées

Ni savoir, ni supposer. L’heure blanche maudite parmi toutes les autres

L’heure des grèves scélérates qui se soulèvent par vagues

Sur les trottoirs dispersés de la bonne foi en espadrilles

 

 

 

Né sur le doute, né sur l’ardoise martelée de promesses

Né avec l’aube, avec le déni des courses pleurant la foudre

Sur la terre comme au ciel, le parjure inclus dans le cycle

Dans le tourbillon replié sur lui-même

La flamme sur le visage, le brouillon sur la langue

Recopié sans cesse l’algorithme déphasé de la respiration

 

 

 

Ma mère, ma racine, ma gentiane aux sucres pacifiques

La peine d’être aux bouts des doigts, à l’extrémité du ventre

Et puis, moi, rien, l’envie pressante de l’effondrement

Une plage lointaine au bord de la ravine, du dégueuloir de sens

L’ablution fatale d’une joie endormie

Au fond de la seringue du sommeil

 

 Les rêves en éclats sur l’étal de l’absurde

L’air dans la peau et le sang brouillé

Le regard en éventail, la contemplation à la place de l’acte

Je me vomis à jeun sur le théâtre nu des bouquets de violettes

Narcisse grimpantes, la pente des raisons oculaires

Aveuglées par la buée d’une étoile qui saigne

 

 

 

Une mort ratée s’annonce dès la naissance

Bref destin encerclé d’avenir en pâture 

La nuit pleure à chaque aube

Le rétrécissement des coulées de miel

L’étroitesse du cri primal, animal fondu dans la genèse

L’extrême difficultéà s’extraire des relents de l’abîme

Tout ici pour nous perdre, nous démolir et mourir

 

 

 

La gaîté, petite fleur aux yeux plissés

S’est glissée derrière la porte des disettes iconoclastes

Une giclée de lait sur la tranche de pain grillé

Les sourires au tamis des mers de stalagmites

Les bourgeons de la révolte dans un coin du cœur

Le corps pendouillant scarifié par la nuit des temps

L’heure voisine de la pelle qui creuse

Et l’esprit à quatre pattes sur la branche que l’on scie

 

 

 

Mémoire décollée du cerveau

J’avancerai distordu sous la pression des jougs

Le thème inabordé parce qu’inabordable

L’envolée plus chère que le calcul probant

Des matières que l’esprit accepte

J’avancerai et tout s’en ira.

 

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BRUNO ODILE

 

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Samantha Keely Smith

Oeuvre Samantha Keely Smith

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